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et il songeait que rien n’y germerait à cause de l’ombre. Chez eux, deux pommiers montaient aussi, l’un déjà vieux, avec d’énormes branches qui s’ébouriffaient au-dessus de la maison ; l’autre plus petit, en plein milieu des plants, mais chacun de si fructueux rapport qu’il les tolérait, pour les cinq sacs de pommes qu’une certaine année ces fructifères avaient donnés au Gosau. Le fonds qui allait nourrir ses semailles, leur coulerait bien en surplus les sucs nécessaires. Toutefois il ne les lâchait pas de l’œil, les surveillait sournoisement, de peur d’un tour, ayant été obligé déjà de démolir à coups de briques un nid d’oisillons qui s’était mis dans le plus chenu, toute une bande de futurs robeurs dont les yeux ronds de là-haut avaient guetté son œuvre de semeur. Il en avait massacré deux ; les autres, avec le père et la mère, avaient gagné les poiriers du voisin ; et il gardait une colère contre leur complicité qui favorisait la rapine, non contents de lui prendre son air.

Petit à petit cela tourna à une hostilité