Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/48

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la tuyère et tapé sur la bigorne. Le martèlement de la forge lui était resté dans la caboche, plus dure que le grès, à travers l’effacement de la petite enfance et de la puberté. Et c’était comme un peu de sa vie lointaine qui lui revenait dans le mot, grotesque à force d’être mis à toutes les sauces, dont, par dérision, on l’avait à la longue baptisé.

Une fois Jaumart, le fermier chez lequel voilà près d’un quart de siècle il suait le sang et l’eau de sa guenille, lui ayant demandé pourquoi sa femelle demeurait brehaigne, il avait lâché cette réponse :

— D’z’enfants ! L’voudrait ben, c’te garce-là. Pour sûr é demande qu’à manœuvrer. Mais, que j’lui dit : « Manœuvre toute seule, si c’est ton plaisir. Tant qu’à moi, j’n’forgerai nin, j’n’veux nin forger. J’en ai assez d’taper à l’éfant. V’là ce qu’j’li dis. »

Maintenant, d’ailleurs, qu’ils avaient leur maison, avec le champ au bout, les poussées sourdes de la maternité la remuaient moins : le mal de chien qu’elle se donnait à