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les fentes du toit bouchées, une chaleur de vie dans tout ce délabrement d’antan. Et le matin des dimanches, uniquement, ils demeuraient les mains molles, pris par la messe, n’osant enfreindre le commandement du repos dominical. D’abord, l’un et l’autre se complaisaient dans la jouissance solitaire des choses accomplies ; elle traînait de la cave au grenier ; lui s’en venait fumer à bouffées courtes sa pipe dans le champ, remué par la pensée des semailles prochaines. Ensuite, malgré l’Église et Dieu, le besoin d’ouvrer les reprenait dans l’ennui de ce long jour vide ; à deux, sous le ciel noir, une sueur glacée perlant à leurs peaux rêches, ils retournaient la terre à coups de reins forcenés, émoussant le fer des bêches aux mottes gelées et aux éternels cailloux qui, dans cette glèbe abandonnée, où les voisins s’étaient accoutumés à déverser leurs mergers, avaient graduellement mangé l’humus végétal. Une fois attelés à l’âpre besogne, ils ne pensaient plus au dimanche, aux peines qui frappent l’insoumission de l’homme,