Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.

puis leur mariage ils se terraient, s’était mis à replâtrer les murs, à redresser les marches du seuil, à boucher les trous à rats, à désencombrer la soute des porcs, travaillant d’un courage jamais las, maçon, charpentier, vitrier, plafonneur tout à la fois.

Il y avait huit ans que la maison était sans habitants ; le propriétaire, après la récolte, y entassait ses pommes de terre et ses regains, n’ayant pu trouver acquéreur pour cette bicoque qui s’émiettait ; et petit à petit les portes s’étaient crevassées sur leurs pentures rouillées, le toit avait fini par s’ouvrir aux ondées, une herbe drue poussa dans les fissures du pavement. Quand le Forgeu et sa conjointe y passèrent la première nuit, un grouillement velu leur monta dans les jambes : il fallut allumer la chandelle pour mettre en fuite les rongeurs, attirés par cette odeur de viande humaine ; et d’énormes araignées noires, sorties de tous les coins, leur firent aux mains et à la face des ampoules, grosses comme des