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rire benêt, en tortillant le bas de son tablier entre ses doigts gourds. Mais brusquement la mère gronda :

— Quoi qu’ t’as à rester là, comme eun’ perche à z’haricots ? Faignante ! c’est-y qu’ça t’pèle les mains ed’ travailler ?

Macquoi alors protesta.

— Mais non ! mais non ! laissez donc, mère Heurtebise. Ces grandes filles, ça aime jaser un brin. Pas vrai, la fille ? Ah ! moi, là, j’suis toujours comme à vingt ans. Y a pas d’plus tendre qué moi !

Il clignait de l’œil et cognait Heurtebise du coude.

— Pour sûr, alle a du bon, déclara le matois, se laissant aller par habitude à vanter son bien. Y a pas comme elle pou’ l’travail. Un vrai cheval ! Et toujours contente, douce comme du sucre, pas plus de vice que sur la main. Allez, j’ vo’ l’ dis.

La Nou avait levé la tête et regardait son homme, prête à le démentir. Mais un regard qu’il lui coula obliquement la rendit prudente, et il continua à claironner ses