elle la maussade corvée que ne payait nulle récompense et qui, au gré du couple bourru, ne semblait jamais compenser le pain et la platelée de pommes de terre dont elle se regoulait. Par surcroît, comme stimulé d’une boulimie, toujours son croît sanguin requérait la pâtée. Aucune nourriture ne l’assouvissait.
— Ça vous mangerait la poule et l’œuf ! disait Heurtebise en tapant l’air de ses poings.
Et tous deux, la femelle et le compère, pleins d’invectives pour les exigences de son estomac, ne s’arrêtaient pas de vitupérer contre la disproportion – à leur idée – de cette bouche gourmande et de ce labeur insuffisant.
Un jour Heurtebise, étant à vider son purot, vit entrer dans la cour un petit homme râblé et courtaud, la mine goguelue, sa casquette un rien de guingois sur la mèche grise qui lui virgulait le temporal.
— C’est-y bien le fermier des Brau qué v’là, dit-il en s’interrompant de brasser ses