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enfance, de leurs jeux, de leurs galopées à travers les cours et les greniers. Une fois, en courant après un papillon, elle était tombée dans le purot ; il avait aussitôt sauté dans les bourbes pour l’en retirer ; toute l’après-midi ensuite ils étaient restés à se sécher dans l’herbe du pré. Personne n’avait rien su.

Bientôt les taillis s’éclaircirent ; une molle et stellaire lumière ajoura les frondaisons ; et la route tournant, ils aperçurent entre les arbres, au bas de la côte, une large étendue d’eau qui s’argentait au clair de lune.

— Déjà les étangs ! soupira-t-il.

Et il lui offrit de quitter la route et de suivre la berge à pied ; le cheval les suivrait. Ses légères bottines emperlées aux herbes, troussant à demi sur son jupon blanc sa belle robe d’épousée, elle marchait à ses côtés, pesant un peu sur son bras.

— Tiens, dit-il, au bout de quelques pas, asseyons-nous un peu là, au bord de l’eau. Ensuite je fouetterai le bidet et ce sera tout, tu seras chez ton mari.