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sus terre, réintégrèrent leurs maisons. Alors, lui, pendant que Ka, entre ses deux berceaux, reprisait du linge ou vaquait aux besognes du ménage, se tint dans l’âtre, tressant avec les osiers frais des bannes et des corbeilles ; et ensuite, il allait les vendre à la ville. Et d’autres fois, un enfant sur chaque bras, il traînait par les chambres, avec des balancements d’épaules, chantant pour les endormir, comme une femme.

Or, il arriva ceci : Tys connut Ka et celle-ci engendra pour la troisième fois, comme une terre qui, profondément labourée, donne généreusement le froment, le seigle ou l’orge, et cependant l’orge ou le seigle y poussent moins que les autres céréales ; ainsi la graine mâle fructifiait en Ka, de préférence à la graine femelle. Alors Tys tressa de ses mains un berceau de la même forme que ceux qui étaient déjà occupés ; il le tressa avec une tendresse paternelle ; et le nouveau venu fut appelé Flip, du nom de la mère de Ka, qui s’appelait Philippine.