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guents, inutilement ; et, par moment, quand la douleur cuisait, il sautillait avec un trémoussement de sa soutane derrière lui, comme une femme. À ses côtés, Maigret, rigide, les yeux rivés au texte sacré, sans un mouvement de la tête ni du corps, écrasait la poussière sous des enjambées majestueuses, lentes comme ses psalmodies ; il ignorait l’ennui des durillons et des cors ; son nasillement montait égal, soutenu, d’un rythme inaltéré. Au contraire, pendant les élancements, Bourdaille négligeait la mesure, détonnait, une fois même sauta tout un verset. Et à la longue, cette tranquillité du vicaire l’exaspérant, il s’oublia à regarder avec envie ses pieds énormes, chaussés de souliers gauchis, dont le contrefort régulièrement soulevait le bas de sa robe.

Ce Maigret, d’ailleurs, l’attristait par une piété extraordinaire ; il avait la frugalité des ascètes, ne prenait à ses repas ni vin ni gloria, observait les jeûnes avec rigueur. Lui, Bourdaille, au rebours, aimait la bonne chère, très douillet, un peu goinfre ; et la