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mait pas, l’entendait se lamenter très haut. Le surlendemain matin, vers neuf heures, les cloches sonnèrent à la paroisse ; des porteurs procédaient à la levée du corps ; et cette mort extraordinaire s’étant ébruitée, une foule avait envahi la butte. On descendit par la partie du sentier qui longeait les Colasse ; leur maison était close, sans un bruit, et tout à coup, comme elle passait devant leur porte, la Joanne se détourna, cria par trois fois : Assassins ! pendant que la bière et tout le convoi attendaient. Puis le piétinement recommença dans un grand silence, derrière le défunt qui s’en allait, ayant affirmé une dernière fois son droit.

Dans le village, des bruits coururent : on prétendit que la Lalie avait jeté un sort sur les Pidoux ; les femmes s’écartaient de son passage, l’accusant d’entretenir un commerce de sorcellerie avec le diable. Et chaque matin maintenant, à son lever, la Joanne se postait en travers du sentier, avec son cri toujours le même : Assassins ! qui était entendu de la route. D’abord les