Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.

genièvre qu’il buvait en partie et dont le surplus servait à frictionner la plante de ses pieds, déchirée. Mais à la cinquième lieue, ses jambes enflèrent démesurément ; il tombait à tout bout de champ, refusant d’avancer, malgré les coups ; par surcroît la boisson s’étant mise à fermenter, elle était obligée d’employer la force pour qu’il n’étalât pas sa nudité, devenu obscène.

Cependant, après avoir déambulé jusqu’au midi du jour, ils arrivèrent enfin ; elle brûla un gros cierge devant l’autel du saint, resta longtemps en prières ; et au retour, comme, à bout de forces, Martin s’était effondré contre un arbre, elle continua seule sa route, espérant qu’il mourrait là. Mais on le connaissait dans tout le pays ; le soir il fut ramassé par une fermière qui passait en carriole et Flavie eut un saisissement quand, le lendemain, la bonne femme elle-même le ramena, les pieds en sang, renippé de vieilles hardes. C’était un salaud : il avait tâché de la forcer sur le chemin ; ils avaient lutté ; et toute rebroussée de colère,