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sements ; sa ceinture s’enfla ; et dans sa gratitude envers Grosse-Tiesse, un moment elle songea à renipper Martin, comme pour l’associer à son bonheur. Elle paya six francs, en effet, une veste de pilou bien conditionnée, puis, ravisée, l’offrit à Dor qui seul l’avait méritée.

Dès ce moment, ils concubinèrent ouvertement. Goffe emménagea ses nippes, se carra au logis, installa un établi dans le fournil ; et il n’allait plus à l’atelier, travaillant à son compte pour la pratique. C’était son idée qui enfin arrivait à terme : il était le mari sans avoir les responsabilités du mariage ; lui ferait les enfants, Martin les endosserait ; plus tard, rien ne l’empêcherait de tirer ses grègues, en cas de mésentente et de zizanie ; et leur vie ainsi réglée leur semblait à tous deux si naturelle qu’au prône, un dimanche, le curé les indigna en parlant, sans les nommer, du scandale qu’ils faisaient rejaillir sur tout le village. Qu’est-ce qu’il avait à voir dans leurs affaires, cet homme de Dieu ? Est-ce qu’ils