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comme un vin dans le pressoir ; elle redevint l’allouvie qui avait épuisé la sève de son premier homme.

Sous l’août en feu, ils se cherchèrent dans les bois et les prés, s’accouplant derrière les arbres, les meules, les buissons, au hasard, comme les animaux. À l’aube rose, Grosse-Tiesse venait la prendre, reposée ; à deux, par les herbes humides, on gagnait la pleine campagne ; et ils entraient dans les carrés de blés encore debout, pour s’y flâtrer. Puis elle rejoignait les faneurs ; à grandes arpentées il reprenait le chemin de l’atelier. Mais le soir tombé, leurs ombres de nouveau s’allongeaient côte à côte sur les chemins rouges. Et même quelquefois, à midi, ils marchaient l’un au-devant de l’autre, occupant le temps de la sieste à des bonheurs. Bientôt il éprouva des pesanteurs de tête ; sa haute stature par instant vacillait, comme sapée par les pieds ; et elle n’avait point pitié de sa force diminuée.

En novembre, les guilées les chassèrent des champs ; d’ailleurs les travaux étaient