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IX


C’était près du ruisseau, un matin, sur la berge où autrefois, avec mon cœur dans mes mains, je passai tant de jours à soupirer. J’étais là depuis un peu de temps, attendant Ève, penché sur la fuite de l’eau. Un froissement de branches s’étouffa, je compris qu’elle arrivait à pas muets pour me surprendre. Je ne relevai pas la tête, mes lèvres effleuraient la petite écume d’argent. Oh ! pensais-je, son visage viendra se refléter là et alors, en buvant une gorgée de cette eau, je croirai boire