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de petites flûtes qui jasent dans l’ombre fluide. J’étais un pauvre ermite, un vieil homme des âges qui, par dessus la haie de son enclos, regarde danser une nymphe toujours plus loin, en fuite vers l’horizon. J’étais le jeune époux de la Sulamite qui vient par le sentier des vignes, parfumé de jeunesse et de ma tin. Et d’abord elle ne l’a pas reconnu. Celui qu’élira mon amour s’est levé dans la nuit ; il s’avance parmi la rosée et il n’a pas encore crié vers moi. Belle ! je crierai ton nom en bondissant sur le chemin comme un ardent bélier, comme un poulain échappé des prairies. J’ai reconnu mon sauvage ami à son appel et suis descendu vers lui dans la vigne.

La forêt m’écouta languir et chanter comme un timide jeune homme crédule. Toute l’ancienne humanité nuptiale tressaillit aux présages fortuits levés de l’aventure de mes pas. Si je crie et que l’oiseau s’effare, pleure ! Jamais Janille ne t’aimera. Et ensuite je marche par la chênaie, j’évoque le coucou. L’oiseau bienveillant a répondu et je ris de l’heureux augure. Un jour à tous deux la forêt