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encore qu’un des moyens par lesquels la vie éternellement se renouvelle et s’accomplit.

Nous allions admirer filer la filandre dans la clairière, le roitelet tisser d’un cheveu son nid, la pie et le freux accrocher leur aire raboteuse à la cime du hêtre. La clématite cardait son étoupe ; l’épi se barbelait ; le bouleau se cerclait d’anneaux d’argent. Et l’ombre fait une musique silencieuse au bord des gazons. La pluie féconde et sensible filtre aux artérioles profondes. Une petite semence ne cesse pas de fructifier pour la vie et un geste jette devant lui de l’éternité. Chaque matin le jour est enfant et l’enfant sur les gazons est un siècle qui dort. De chacun de nos pas il fleurissait des vies. Le printemps naissait de ton sourire, belle Ève ; chaque minute était une naissance en nous-mêmes. C’étaient là autant de mystères qu’il y a d’étoiles et le vibrement léger d’un cil à ta joue n’était pas moins magnifique que le frisson énorme de la chevelure des chênes. Nous vivions chez Dieu avec des yeux ravis.

Oh ! maintenant il nous était venue une si