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pas que cet homme revienne encore ! » Je l’avais prise contre moi ; elle tremblait dans ma poitrine ; et elle ne m’avait rien dit autre chose. Mais moi avec des mains tendres je relevai son visage et regardai profondément dans ses yeux. Et je lui dis : « Si tu crois que cet homme te comblerait mieux que je ne l’ai fait, dis-le moi franchement. Je saurai alors si je dois vivre encore ici avec toi. » Aussitôt ses yeux s’épanchèrent ; elle pleurait du large flot des pluies orageuses ; et tout en pleurant, elle fixait un regard brillant sur moi. « Ô ami, fit-elle, je puis bien te le dire à présent. J’ai senti en moi un mouvement comme quand tu es venu le premier jour. Ne trouves-tu pas qu’il est beau ? Il est beau comme un fruit par dessus la haie et cependant toi, tu es pour moi le verger rempli des fruits les plus suaves. » Elle se pendait à mon cou ; son geste me priait de la défendre contre elle-même. Elle me demanda anxieusement si cet homme n’était pas le plus beau des hommes, espérant peut-être que je lui répondrais avec colère que j’étais aussi beau que lui. Elle ne pa-