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ADAM ET ÉVE
une ombre verte au large. La forêt prit ainsi un sens profond et familial. Une main divine avait jeté là une graine et puis une autre graine ; et le premier, avec ma barbe d’homme solitaire, j’étais venu sous les hêtres. Ève ensuite m’y avait suivi ; et voici que la se mence d’éternité avait, levé de notre amour, comme les petits chênes nerveux qui s’appe laient Héli et Abel étaient sortis d’un gland et encore d’un gland. Et une grande forêt n’est d’abord qu’un peu d’essences vives dans le soleil et le vent ; avec le temps elles finis sent par combler toute la plaine. Ta race, Adam, ne mourra plus ; elle s’étendra à tra vers les siècles, nombreuse et sonore, comme un peuple. Le bois charmant et vénérable fut ainsi le symbole de nos destins. L’âne et la vache broutaient côte à côte et ensemble, vers la nuit, ils regagnaient l’éta ble. Je l’avais, au sortir de l’hiver, bâtie d’argile et de bardeaux ; un toit de roseaux la recouvrait ; et déjà j’avais creusé l’enceinte de la grange. Comme il n’y avait point de porte à l’étable, la vache et l’âne entraient et
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