Tu ne sais rien du mal, ses hontes ni ses ruses,
Chaste et fière, ta place est au chœur des neuf Muses,
Diotima te sourit aux Champs-Elyséens !
Vierge au cœur de héros, cygne aux blancheurs splendides,
Comme toi, que mes chants soient graves et candides !
Guide-moi, guide-moi vers les deux infinis !
Laissons les hommes fous au plaisir qui les soûle,
Que toujours, loin du monde, à l’écart de la foule,
L’ombre du Bois Sacré couvre nos fronts unis !
epuis que l’été chaud a fait tarir la brise,
Dans le silence ému des longs après-midi,
De fatigues souvent la chère aïeule est prise,
Il tombe un grand sommeil sur son front alourdi.
Elle, dont la tendresse a guidé mon enfance,
Partageant mes chagrins, partageant ma gaîté,
Prélude solennel de la mort qui s’avance,
Je la vois s’engourdir en l’immobilité.
Dans l’antique fauteuil, auprès de la fenêtre
Assise, — la voilà qui tout à coup s’endort.
Malgré les volets clos l’ardeur du ciel pénètre,
Le soleil, à travers, jette sa traîne d’or.
Assoupi, le village est muet et paisible;
Parfois, avec lenteur, passe un char de foin mûr ;
On n’entend rien — qu’un bruit de fontaine invisible,
Et le gazouillis clair des oiseaux dans l’azur.