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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Comme de doux oiseaux dans leur nid dérobés
                     Et qu’un souffle effarouche,
Je les sentais, sous l’or des longs cils recourbés,
               Remuants et chauds sous ma bouche :

Ah ! follement, oui, follement, sans rien prévoir,
                     Mes baisers extatiques,
Loin de le détester, cherchaient le spectre noir
               En leurs langueurs énigmatiques,

Et toujours, dans les nuits, je me repentirai,
                     Toi qui dors sous le chêne,
D’avoir obscurément en toi-même adoré
               Le charme de ta mort prochaine !...


*
*       *


Ah ! cest horrible, et le Destin est trop cruel
                     Dont les lois ténébreuses,
Voilant et trahissant le mal éventuel
               Au fond des prunelles heureuses,

Se plaisent à donner ce regard de velours,
                     Doux comme une caresse,
Aux êtres condamnés dont s’envolent les jours
               Et qui n’auront qu’une jeunesse !