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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


BALLADE


DES PARNASSIENS DE LA PROVINCE





Ils possèdent une guitare,
Deux dagues et trois bicoquets.
Ils ont l’œil clair, le cheveu rare,
Des accoutrements peu coquets.
Leurs chiens sont de vilains roquets.
Fous des femmes à taille mince,
Ils leur décochent des bouquets,
Les Parnassiens de la province.

Leur humeur est folle et bizarre :
On les tient pour des paltoquets.
Leur oncle, encor jeune, est avare
Et boit sans avoir de hoquets.
Ils fréquentent les mastroquets,
Sachant que leur cousine évince
Les étrangleurs de perroquets,
Les Parnassiens de la province.

Quand ils se rendront à la gare,
Nul ne portera leurs paquets.
Ils font une ode à leur cigare,
Se donnent d’affreux sobriquets,
Plantent partout de gros piquets,
Font baron Banville, Hugo prince ;
Et pour fusils disent : mousquets,
Les Parnassiens de la province.