La brise agite les buissons ;
L’herbe qui pousse est émaillée
Des pleurs de l’aube, et la feuillée
Retentit de mille chansons ;
La fauvette, ivre de rosée,
Sur sa branche verte posée,
Gazouille en l’honneur du printemps ;
La brume grise s’évapore,
Et monte en nuages flottants
Sur les bois que le soleil dore !
éjà l’automne arrive avec ses sombres jours,
Ses heures de tristesse et ses feuilles jaunies ;
Elle est bien loin, déjà, la saison des amours !
Ses charmes sont éteints et ses grâces ternies.
Un vent sec et froid pleure à travers les tombeaux ;
Le soleil est voilé par une brume grise ;
On n’entend que le cri d’angoisse des corbeaux
Et le gémissement sinistre de la bise.
C’est là que je viens seul, par ma douleur guidé ;
Car cette solitude a pour moi bien des charmes :
Le sol triste et fangeux paraît avoir gardé
L’empreinte, humide encor, de ce fleuve de larmes,
De regrets douloureux et d’éternels remords,
Qu’ont versé les vivants sur la cité des morts.