aul-Auguste Arène, l’auteur de tant de jolis vers et
de contes alertes, est né à Sisteron, en juin 1843, au milieu
des montagnes parfumées de la Provence. De bonne heure, il
se passionna pour la nature, aimant à la surprendre dans ses mystères les
plus tendres, dans ses manifestations les plus poétiques. C’est au
souvenir de ces années de jeunesse que nous devons le pittoresque et l’émotion
qui caractérisent son oeuvre. Paul Arène vint très jeune à Paris, et, poète
d’un talent déjà personnel, donna à l’Odéon un Pierrot héritier dont les
délicats ont gardé la mémoire. Ceci se passait en 1865.
Les journaux et revues littéraires les plus en vue accueillirent le jeune écrivain. Il publia d’exquises nouvelles, des articles d’une grâce piquante et originale. L’auteur de l’acte en vers applaudi à l’Odéon se révélait le plus subtil et le plus impeccable des prosateurs. Son œuvre en prose est déjà très variée : Au bon Soleil, La vraie Tentation du grand Saint Antoine, Paris ingénu, Vingt jours en Tunisie, représentent comme autant de rayons qui sont venus s’ajouter successivement au miel de sa ruche. De l’aveu de tous, Jean-des-Figues est un de ces heureux chefs-d’œuvre qu’il n’est donné à personne d’imiter, même de loin. Entre temps, Paul Arène, toujours fidèle à la lyre, faisait jouer ses Comédiens errants (Odéon, 1873), en collaboration avec M. Valéry Vernier, Un Duel aux lanternes, étourdissante comédie où le vers atteint aux effets d’art les plus inattendus, L’Ilote (Théâtre-Français, 1875), jolie