ugène Vermersch, né à Lille en 1847, fit de bonnes
études dans sa ville natale, puis vint à Paris pour y prendre
ses inscriptions d’étudiant en médecine. Il avait alors dix-huit ans. Déjà journaliste par sa collaboration à l’Écho du Nord,
Journal de Lille, il se jeta tête baissée dans la mêlée parisienne. On a de
lui, dès cette époque, des ouvrages nombreux et très divers, dont le plus
remarquable, pour lequel il emprunta la forme créée au XVe siècle par
François Villon, est intitulé : Le Testament du sieur Vermersch. Le
talent du versificateur se montrait à un degré rare chez ce jeune homme,
doué d’une vive intelligence et d’une étonnante facilité. Malheureusement
pour lui, le milieu dans lequel il se trouva plongé dès son arrivée à Paris
l’entraîna vers les tristes voies de la politique, qui fit de lui le rédacteur
en chef et l’inspirateur du Père Duchêne pendant les journées sanglantes
de la Commune.
Au dénoûment de cette sinistre aventure, Eugène Vermersch parvint à s’échapper. Successivement expulsé de Belgique et de Hollande, il partagea son exil entre la Suisse et l’Angleterre. La surexcitation cérébrale née d’un excès de travail engendra chez lui des préoccupations singulières où sombra sa raison. C’est dans le lunatic asylum de Colney Hatch, à six milles et demi de Londres, qu’Eugène Vermersch mourut fou le mercredi 9 octobre 1876, à l’âge de trente-trois ans.