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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


LA PETITE COUSINE



Un jour, vint à notre maison
Une petite demoiselle;
C’était au temps de la moisson ;
J’étais en vacances comme elle.

Un beau sourire triomphant
Etoilait sa lèvre mutine.
Ma mère me dit : « Mon enfant,
Voilà ta petite cousine ! »

J’avais alors douze ans : c’était
L’âge qu’avait aussi Marie,
Et pour nous l’oiseau bleu chantait
Sur la même branche fleurie.

J’avais un esquif de bouleau
Pavoisé d’un brin d’aubépine :
Je courus le lancer sur l’eau
Avec ma petite cousine.

Or, comme nous tendions le cou
Vers l’onde pleine de lumière,
Son pied glissa sur un caillou :
Elle tomba dans la rivière.

Mais sa main ne me quitta pas,
Et sur une berge voisine
Je pus l’emporter dans mes bras,
Ma pauvre petite cousine !