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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

À table, à table !
L’Angélus sonne au vieux beffroi!
La guerre est chose supportable,
Et qui n’inspire aucun effroi !
À table, à table !
Pourvu qu’un guerrier respectable
Puisse boire du vin potable
Digne de monseigneur le roi !
À table, à table !

Jamais n’avait coulé plus de vieux sang gaulois
Depuis les temps maudits des deux premiers Valois.
Personne n’osait plus énumérer le compte
De ces jours, dont le nom faisait pâlir de honte !
La faim exterminait des villages entiers ;
La cruelle Azincourt recommençait Poitiers ;
Paris dompté, cachant sa haine héréditaire,
Subissait les couleurs d’Henri Six d’Angleterre !
C’était la fin. Sans cour, sans argent, sans amis,
Tel qu’un mort sur lequel le drap sinistre est mis,
Charles Sept, fils sans mère et seigneur sans royaume,
De province en province errait comme un fantôme
Et croyait à jamais dans l’ombre évanouis,
Les destins du dernier des fils de saint Louis !

En marche, en marche !
Nous sommes gens de haut renom !
Nos aïeux naviguaient dans l’arche
Où flottait déjà leur pennon !
En marche, en marche !
Et s’il n’est un vieux patriarche,
Chacun doit, de Reims à Luzarche,
Joindre notre Sire à Chinon.
En marche, en marche !