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GABRIEL VICAIRE.


Seul, à genoux près de la porte,
Je regarde et je n’ose entrer.

Je pense aux cheveux de la morte
Que le soleil venait dorer,

À ses yeux bleu de violette,
Si doux alors que je l’aimais,

A sa bouche aujourd’hui muette
Et qui ne rira plus jamais.

Toute ma vie est en déroute.
À chaque coup du glas des morts,

Comme un peuplier sur la route
Mon âme tremble dans mon corps.

Ah ! pauvre belle, au temps des fèves,
Comme tu m’embrassais pourtant!

Quelle misère ! Où sont les rêves
Qui nous rendaient le cœur content ?

Toi qu’on disait la plus frisquette
Des filles de Château-Gaillard,

Ta dernière chemise est faite
De quatre planches de fayard.

Adieu, branle-bas et bombances,
Adieu la fleur de nos chansons !

Tu n’iras plus, aux folles danses,
Marcher sur le pied des garçons !