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JEAN AICARD.


Ébloui, comme tous, parleur train magnifique,
Le pauvre chevrier se tenait dans un coin ;
Mais la douce Marie : « Êtes-vous pas trop loin
Pour voir l’Enfant, brave homme, en sonnant la musique ? »

Il s’avance troublé, tire son chalumeau,
Et, timide d’abord, l’approche de ses lèvres ;
Puis, comme s’il était tout seul avec ses chèvres,
Il souffle hardiment dans la flûte en roseau.

Sans rien voir que l’Enfant de toute l’assemblée,
Les yeux brillants de joie, il sonne avec vigueur ;
Il y met tout son souffle, il y met tout son cœur,
Comme s’il était seul sous la nuit étoilée.

Or, tout le monde écoute avec ravissement;
Les rois sont attentifs à la flûte rustique,
Et quand le chevrier a fini la musique,
Jésus, qui tend les bras, sourit divinement.

(La Chanson de l’Enfant)

LE BON TRAVAIL
 
Songe, ô rêveur lassé de vivre,
Que le travail sacré délivre
L’homme de tous les maux humains !
En vie, en force salutaire,
Il rend au cœur — c’est un mystère !
Plus que ne lui donnent les mains !

Laisse le rêve ; prends la plume,
Lève le marteau sur l’enclume,
Prends la truelle des maçons :