Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t3, 1888.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
195
MAURICE ROLLINAT.


Avec ses lumineux frissons
Elle a de si douces façons
De se pencher sur les buissons
          Et les clairières !
Son rayon blême et vaporeux
Tremblote au fond des chemins creux
Et rôde sur les flancs ocreux
          Des fondrières.

Elle promène son falot
Sur la forêt et sur le flot
Que pétrit parfois le galop
          Des vents funèbres ;
Elle éclaire aussi les taillis
Où, cachés sous les verts fouillis,
Les ruisseaux font des gazouillis
          Dans les ténèbres.

Elle argenté sur les talus
Les vieux troncs d’arbres vermoulus
Et rend les saules chevelus
          Si fantastiques,
Qu’à ses rayons ensorceleurs,
Ils ont l’air de femmes en pleurs
Qui penchent au vent des douleurs
          Leurs fronts mystiques.

En doux reflets elle se fond
Parmi les nénufars qui font
Sur l’étang sinistre et profond
          De vertes plaques ;