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ANTONY VALABRÈGUE.


Quand elle vint s’asseoir, lente, avec un sourire,
Je lui dis doucement, et la main dans la main :
« Je suis las de Paris ; la campagne m’attire.
Veux-tu qu’au bord de l’eau nous demeurions demain ?

« Nous cacherons ici nos tendresses fidèles.
Si trop loin du village on nous loge au hasard,
Qu’importe ? Nous serons pareils aux hirondelles,
Qui vont poser leur nid sous un toit campagnard.

« Quand nous viendrons alors, avec les jours de fête,
Retrouver dans les bois les plaisirs de l’été,
J’aurai goûté l’amour charmant que nous apprête
Ton cœur insouciant, si pur dans sa gaîté.

« Un amour frais et calme est lui-même semblable
À ces dîners qu’on fait dans la belle saison.
C’est un repas léger où notre cœur s’attable,
Heureux d’avoir la paix des champs à l’horizon.

« Au doux bruit des chansons longuement éveillées,
On jouir du beau temps limpide et printanier.
On n’a pas le souci des choses oubliées,
Et qui n’entreraient pas dans le petit panier. »


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L’ESCARPOLETTE



Près des grands bois pâlis par le soleil d’automne,
Sur une escarpolette elle vient de s’asseoir.
Ses cheveux dénoués flottent au vent du soir ;
Sa robe aux plis traînants s’entr’ouvre et s’abandonne.