Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t3, 1888.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Si je ce dis, Nature impassible et sereine :
« Bonne mère! rends-moi plus puissant et meilleur ! »
Je vois dans tes yeux bleus, éternelle sirène,
Sourire vaguement l’éternelle douleur.

C’est pourquoi, sans amour et sans haine inutile,
Je subirai la vie ainsi qu’il sied aux forts ;
Je serai calme et fier, comme l’arbre immobile
Qui, sous les cieux changeants, croît et vit sans efforts.


(Ciel, Rue et Foyer)


____________



SOUHAIT




Autour de ta beauté, qu’il caresse de l’aile,
L’essaim blond de mes vers bourdonne ses adieux,
Et ravive un moment son éclat jeune et frêle
À la splendeur profonde et calme de tes yeux.

Ces vers sont tes enfants ; ton sein chaud et fidèle
Leur ouvrit constamment son asile joyeux ;
Et, par de longs fils d’or, ta magique prunelle
Dirigera leur vol dans l’Infini des cieux.

Après avoir, quatre ans, soigné notre couvée,
Nous lui livrons enfin la Liberté rêvée ;
Ah ! dans dix ans encor, puisse un essaim plus beau,

Moissonnant le jardin de tes grâces écloses,
En verser, en chantant, les myrtes et les roses
Sur notre vieil amour, toujours jeune et nouveau !


(Ciel, Rue et Foyer)