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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


III

Cependant, par degrés, au vol de ses pensers,
Il sentait s’éveiller l’essaim des jours passés :
Des étés disparus la fauvette invisible
Disait l’hymne enivrant d’un amour impossible ;
Ses rêves, ses candeurs, les beaux printemps défunts,
Sur son front éprouvé secouaient leurs parfums ;
Jour à jour, fleur à fleur, effeuillant ses années,
Longtemps il respira leurs promesses fanées ;
Et plus il remontait vers ses espoirs éteints,
Plus l’idéal éclat de ses riants matins
Lui montrait froide et sombre, hélas ! sa vie austère :
Le soleil, cependant, ruisselait sur la terre !…
Alors, sentant monter les brumes de son cœur,
Ces deuils mystérieux de l’homme intérieur,
Sous les clartés dont l’astre au loin dorait les plaines,
Tranquille, il épancha ses tristesses sereines :


IV

Limpidité des cieux, resplendissant azur,
Paix des bois, ô forêt qui dans ton sein m’accueilles ;
Soleil dont le regard ruisselle auguste et pur,
Dans la splendeur de l’herbe et la gloire des feuilles ;

Nature éblouissante aux germes infinis,
Silence lumineux des ramures discrètes,
Voix qui flottez des eaux, chants qui montez des nids,
Illuminez en nous les ténèbres secrètes !