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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Puisque les vignerons ont fini la vendange,
Que le vin a coulé sous l’effort des pressoirs,
Que, pour les soins d’hiver, le village s’arrange,
Que l’attirail des champs s’abrite sous la grange,
Et que les froids matins se rapprochent des soirs ;

Quittant les champs mouillés et les vignes désertes,
Regagnons à Paris nos gîtes enfumés :
Ce n’est plus la saison des vestes entr’ouvertes,
Des chaleurs qui faisaient aimer les ombres vertes,
Des levers matinaux et des toits mal fermés.

Ce qu’il faut maintenant, c’est une chambre close,
Un foyer où pétille un fagot de genêts,
De la bière, une pipe, et, dessus toute chose,
Deux compagnons qu’on aime, avec lesquels on cause
Bien avant dans la nuit, les pieds sur les chenets.




À UNE BOURSE


 

De doigts mignons œuvre mignonne,
Petit filet de soie et d’or,
Charmant toi-même et plus encor
Charmant par la main qui te donne,
Va, ne crains pas que je t’ordonne
D’enfermer un pauvre trésor.

D’argent, les rimeurs n’en ont guère ;
Mais en eussent-ils par monceau,
Il salirait ton frais réseau.