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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

Dont, en leur qualité de fée et de génie,
Ton père glorieux et ta mère bénie
                    Ont doté ton berceau !

C’est pour Charles, — tu vois aussi comme il t’adore ! —
C’est pour lui que l’amour avait, dès leur aurore,
                    Dans la première fleur
De leur Avril, à l’âge où l’âme ouvre son aile,
Marié pour toujours au plus grand la plus belle,
                    La meilleure au meilleur !

C’est à mon Villequier qu’il t’avait destinée !
Oh ! comme le printemps sera beau cette année !
                    Comme, sous ton regard,
Tout va fleurir autour de la douce demeure !
Et comme l’hirondelle accourra de bonne heure
                    Et nous quittera tard !

Oh ! le jardin, le parc, la colline, la plaine,
Les sentiers, les oiseaux dont la feuillée est pleine,
                    Comme ils t’attendent tous !
Avec quelle fierté d’être à jamais ton hôte
Le bois va dire au fleuve et la rive à la côte :
                    « Sais-tu qu’elle est à nous ? »

Comme ils seront tous fiers de leur jeune maîtresse !
Comme le fleuve va vous inviter sans cesse
                    Aux courses en bateau,
Et, quand il te tiendra, de quelle lèvre tendre
Il baisera la main que tu laisseras pendre
                    Dans la fraîcheur de l’eau !

Arrive, et tu vas voir quelle reconnaissance !
Car tu vivais ici dans la magnificence
                    Des fêtes de l’esprit ;