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ALPHONSE DAUDET

1840




Lhistorien de l’homme du Midi, — Tartarin, Roumestan, et demain Napoléon, — est né à Nîmes en 1840, d’une famille royaliste et catholique, une famille de cet Enclos de Rey depuis lequel l’écrivain a marché bien des étapes. La première de ces étapes conduit l’adolescent au lycée de Lyon, dans la ville du travail et de la mysticité, où le bruit des métiers de canuts monte vers Fourvières. Le jeune homme, en 1856, est retourné vers le vrai Midi, il est maître d’études au collège d’Alais. En 1857, il est à Paris, il y promène bientôt un volume de vers, Les Amoureuses, que publie l’éditeur Tardieu. Il est secrétaire chez Morny, tombe malade, se guérit en Algérie et en Corse, et ces deux noms de pays de soleil achèvent d’évoquer la nette lumière, la fine et brûlante atmosphère qui éclairent et chauffent l’œuvre de l’écrivain méridional fixé à Paris.

Chose à noter, — car il est bien temps de cesser cette biographie d’un vivant où n’émerge plus guère comme année d’action que la date du siège, 1870, — chose à noter, ce Midi si aimé et si bien vu par Daudet, si caractéristique de son œuvre de philosophe descriptif et de sa séduisante personne, ce Midi est presque absent de ce premier, unique et mince volume de vers dont il doit être surtout question en cette Anthologie. C’est à peine si une allusion est faite aux champs d’Avignon à un tournant de strophe, et si, de place en place, une vive et accentuée expression révèle l’accent du terroir. Oubli bien compréhensible et bien humain. Ce poète aux cheveux qui bouclent et s’envolent n’est pas encore à l’âge où l’on voit