Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t2, 1887.djvu/420

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
398
ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


« Et d’abord proclamez, manants,
Que les eaux, les bois et les champs,
Les fleurs nouvelles,
Le ciel, à dater d’aujourd’hui,
Sont à lui, les lauriers à lui,
À lui les belles !

« Si vous en doutiez, par malheur,
Vous seriez, — j’en essuie un pleur
Lorsque j’y rêve,
Ma parole de chat botté ! —
Hachés comme chair à pâté,
Hachés sans trêve. »

Ainsi parlait dans ce temps-là
Mon chat en habit de gala,
Mettant flamberge
À tous les vents, frappant d’estoc,
Le verbe haut, le poil en croc,
La queue en cierge.

Au temps où ses bottes de cuir
Neuf lui donnaient, sur l’avenir
Et sur l’espace,
Un crédit presque illimité,
Ainsi parlait mon chat botté…
Hélas ! tout passe.

Le feu des yeux, l’émail des dents,
Les nerfs, le poil, au fil des ans,
Tout passe et casse ;
Et, nu-pattes, navré, perclus,
Mon ancien boute-en-train n’a plus
Que la carcasse.