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ANDRÉ GILL.


Chat qui vaut cent fois le cheval
D’Alexandre, chat sans rival
En cabriole,
Angora plus fort qu’un lion,
Dont chaque poil, comme un rayon,
Chauffe et console ;

Chat invisible et toujours là,
Qui se rit de la prison la
Plus cellulaire,
Et dont chaque homme, sous son toit,
Possède, si pauvre qu’il soit,
Un exemplaire…

Ah ! qu’il était, mon chat botté,
Luisant d’amour et de gaité,
Quand, chat d’audace,
Avec des airs exorbitants,
Il précédait mes beaux vingt ans
En criant : « Place !

« Place au marquis de Carabas !
Ohé ! vous tous, là-haut, là-bas,
Place à mon maître !
Admirez, peuples étonnés,
L’homme depuis le bout du nez
Jusqu’à la guêtre ;

« Avouez qu’il réussira ;
Qu’en force, en grâce et cœtera
Il outrepasse
Le droit qu’on a sous le soleil
D’être un chef-d’œuvre sans pareil,
Et faites place !