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Le grondement du flux, dont les assauts vivaces
Rongent les rocs, témoins des siècles éloignés,
Lavés par la bourrasque, et toujours imprégnés
De l’eau de mer qui roule, à flots, dans leurs crevasses.

Et plus le tard se fait sur le rivage clair,
Plus l’air est saturé de senteurs infinies,
Plus on s’enivre aussi des larges harmonies
De cet incomparable orchestre de la mer.

Des hiboux, dans les trous d’un vieux mur qui s’écroule,
Jettent leur cri de chasse aux échos alarmés,
À l’heure plus sombre où les phares allumés
Lancent leurs grands fuseaux de flamme sur la houle.

Ainsi, tout se remplit de rumeurs et d’accents,
Dans la chaude clarté des soirs caniculaires,
Quand la mer, assoupie et veuve de colères,
Se brise indolemment, en longs flots languissants.

Alors, sous la splendeur des ciels d’été sans voiles,
Du crépuscule à l’aube éclairés, grands ouverts,
On écoute, on admire, on rêve… on fait des vers,
Sous l’œil inspirateur des divines étoiles.