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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


TÎMA



Bizarre comme un singe, et pareille aux Houris,
Tîma riait, Tîma croquait une praline ;
Son pied émergeait, nu, d’un flot de mousseline,
Sur des carreaux épais, brodés d’or, et fleuris :

Petit pied gras et fin, blanc comme un grain de riz !
Chaque ongle étroit semblait fait d’une cornaline.
Tîma berçait son pied d’une façon câline,
Et, riant, grignotait un bonbon de Paris.

Le dur soleil d’Alger brûlait sur les terrasses ;
Mais Tîma souriait au voyageur roumi :
Heure passée à l’ombre, ô souvenir ami !

Et lorsque, fils-de-chien, de mes lèvres voraces
Je baisai son pied nain, pour la première fois,
Tima rit largement, une dragée aux doigts…

(Les Baisers)



À LA LOUISIANE



Sous l’azur enflammé, le vieux Mississipi
Fume. — Il est midi. — Les tortues
Dorment. Le caïman aux mâchoires pointues
Bâille, dans le sable accroupi.