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SULLY PRUDHOMME


1839




Sully Prudhomme s’est fait connaître comme poète en 1866 par les Stances et Poèmes. Il a donné en outre : Les Épreuves, recueil de sonnets (1866), Les Solitudes et une traduction en vers du Premier Livre de Lucrèce (1869), Les Destins, poème (1872), Les vaines Tendresses (1875), La Justice (1878), Le Prisme (1886). Il vint s’asseoir à l’Académie française en 1881.

Né à Paris en 1839, Sully Prudhomme fit d’excellentes études au Lycée Bonaparte. Il se préparait à l’École Polytechnique, lorsque sa famille, croyant à un bel avenir pour lui dans l’industrie, le fit admettre dans les usines du Creusot, mais bientôt après il revint à Paris prendre ses inscriptions de droit, et se fit clerc dans une étude de notaire.

Il n’était pas plus fait pour vivre dans le silence des casiers qu’au bruit des marteaux, et sa vraie voie ne tarda pas à se révéler. Madame Ackermann, plus apte que personne, par la nature de ses inspirations, à pénétrer celles de Sully Prudhomme, a bien apprécié, dans les lignes suivantes, le caractère de sa poésie :

« Il n’avait certes pas trop de tout lui-même pour embrasser la poésie telle qu’il la comprenait, c’est-à-dire cette poésie à laquelle rien d’humain n’est étranger, ni les tendresses de l’amour, ni les curiosités de l’intelligence. C’est grâce à elle qu’il fit vibrer les fibres les plus délicates du cœur et les cordes les plus hautes de l’esprit. Tous les sons rendus ont été