Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t2, 1887.djvu/347

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
327
ACHILLE MILLIEN.


Et les chariots, grinçant sur la pierre,
Roulent les foins secs en amas branlants.

De la fauchaison voilà donc le terme ;
Bientôt l’on mettra la faucille aux blés,

Et tous les faneurs, ce soir, à la ferme
Pour le grand repas seront attablés.

« Déjà le couchant rougit le nuage,
Sortons vivement des sentiers ombreux… »

Mais un ancien veut que, suivant l’usage,
Tous jusqu’au fenil escortent les bœufs :

« Réjouissons-nous de ce temps propice !
Et qu’un bon chanteur au faîte du foin,

« Pour nous faire honneur, lestement se hisse
Et commence un air qui résonne au loin.

« Toi, de rameaux verts recouvre la tête
Des bœufs accouplés qui vont ruminant.

« Où sont les rubans gardés pour la fête ?
Qu’on me les apporte ici, maintenant.

« Très bien. Les voici, prends-les, Madeleine,
Mêle les couleurs, et pare à ton goût

« Fins corsets, chapeaux et bonnets de laine,
Les jeunes, les vieux, — oui, les vieux surtout !…