C’était un vieux logis où la famille entière
Avait groupé longtemps ses arides travaux,
Ses efforts qu’animait une volonté fière,
Et ces rêves du cœur, toujours chers et nouveaux !
Jours passés, jours sacrés jusqu’en vos amertumes,
Dans ce pauvre logis vous étiez enfermés :
Ah ! qu’il est triste et doux, l’endroit où nous vécûmes
Souffrant, aimant, heureux de nous sentir aimés !
Entre les quatre murs d’une chambre modeste,
Qui dira ce que l’homme entasse de trésors ?
Trésors faits de sa vie, et dont il ne lui reste
Qu’un pâle souvenir et qu’un songe au dehors !…
Quand il fallut partir de la vieille demeure ;
Quand il fallut partir, — l’ayant bien décidé, —
Là, tel qu’un faible enfant, j’ai perdu plus d’une heure
À penser, à pleurer, seul, dans l’ombre accoudé.
— « C’était un vieux logis ! » murmurait la Sagesse ;
« Un logis plein d’amour ! » disait le cœur tremblant ;
« C’était un vieux logis plein d’intime richesse :
Prendras-tu ta jeunesse aux murs, en t’en allant ?
« C’est là qu’elle vibrait ! Là qu’elle s’est levée,
Radieuse et chantant les clairs matins d’Avril !
C’est là que d’espérance elle fut abreuvée, —
Comme on vole au bonheur, s’élançant au péril !
« C’est là qu’elle versa ses premiers pleurs d’ivresse,
Qu’elle eut ses premiers cris et ses premiers sanglots !
Tout ici lui gardait une chaude caresse ;
Qu’elle s’achève ailleurs, loin de ces vieux échos !
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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.