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MADAME A. M. BLANCHECOTTE


1836




Madame A. M. Blanchecotte, procède de Lamartine et de Mme Desbordes-Valmore ; tout en restant originale, elle a, comme ces deux poètes, une tendance à écouter tout ce qui chante en elle, à le traduire avec abondance et facilité : c’est la même imagination confiante, le même élan continu vers la sympathie du lecteur. Nous n’avons plus en poésie ces grands cris de désespérance, ces plaintes du fond de l’abîme qui eurent autrefois tant de victimes et de partisans ; il me semble que, pareille à l’individu, une nation chante mieux la douleur aux temps de calme et retrouve dans les jours troublés un peu de sa sérénité perdue. Quand le roman, pour être intéressant, est obligé de se mettre à la suite des tristesses, des ridicules, des ironies d’une époque, la poésie en s’abandonnant à ce qui flotte, à ce qui passe, à ce qui respire, retourne avec mille atomes invisibles vers la nature, les sentiments immuables et la pensée éternelle. Mme Blanchecotte est encore, parmi nos modernes, un de ceux qui ont le plus gardé des traditions de poésie subjective ; mais Les Militantes marquent un grand progrès, et, de cette personnalité un peu mélancolique, trop attachée, selon nous, à la lettre de sa souffrance, l’auteur commence à se dégager vers les régions supérieures où l’âme de chacun se fond et se disperse dans la vie de tous.

Les poésies de Mme Blanchecotte ont été publiées par A. Lemerre.

Madame Alphonse Daudet.