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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


La nuit a cependant replié son décor,
L’horizon s’illumine en accusant sa forme,
Et le soleil paraît avec son disque énorme,
Traînant comme un manteau de pourpre à franges d’or.

(Les Rustiques)



LE MOULIN À VENT


Coiffé de son bonnet pointu,
Déployant sa longue envergure,
Le vieux moulin comme un augure
Demande au ciel : « Quel temps fais-tu ? »

Et le meunier blanc de farine,
Tantôt sifflant, tantôt rêvant,
Semble toujours flairer le vent,
Du bout de sa large narine.

Le vent souffle, il s’est levé tard ;
Tourne, moulin, de tes bruits d’ailes
Effarouchant les hirondelles
Qui s’assemblent pour le départ…

Tourne, tourne, voici la brise…
Et, de loin, le regard surpris
Voit l’énorme chauve-souris
Tournoyer dans la brume grise.

(Les Rustiques)