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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.
Ah ! cette odeur éclosc
Dans les vignes, là-bas…
Je voudrais, et je n’ose,
Étreindre quelque chose
Ou quelqu’un dans mes bras !
Comme un chevreuil farouche
Je fuis sous les halliers ;
Dans l’herbe où je me couche
J’écrase sur ma bouche
Les fruits des framboisiers ;
Et ma lèvre charmée
Croit sentir un baiser,
Qu’à travers la ramée,
Une bouche embaumée
Vient tendrement poser…
Ô désir, ô mystère !
Ô vignes d’alentour,
Fleurs du val solitaire,
Est-ce là sur la terre,
Ce qu’on nomme l’amour ?
(Le Bleu et le Noir)