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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Elles ont des colliers de rubis, de topazes,
Qu’égrènent leurs printemps aux velours des gazons ;
Elles ont des camails de transparentes gazes
Quand l’aube en floréal nacre leurs horizons.

Un concert formidable en monte dans l’espace
Et des astres éteints va troubler les sommeils,
Un hymne discordant, et dont l’horreur surpasse
Les bruits de la fournaise où cuisent les soleils.

Sont-ce les hurlements striduleux des cyclones ?
Ou les coups d’ébauchoir des flots, ces verts sculpteurs ?
Ou les écroulements des arcs et des pylônes
Que dresse la Tornade aux cieux des équateurs ?

Les râles des forêts sous le fouet de la brise ?
Le glaive de la foudre au hasard s’abattant
Sur les granits qu’il fêle ou les glaciers qu’il brise ?
Ou le bolide, obus dans leur air éclatant ?

Dans leur chaudière énorme où bouillonnent les sèves,
Sont-ce les heurts confus d’atomes émiettés ?
Est-ce le cri des bois, des antres et des grèves ?
— Non ! ce sont vos sanglots, pâles Humanités !

(Chaos)



CALME AGlTÉ




Un de ces calmes comme on n’en voit pas souvent
Près de ce cap maudit. — Pas un souffle de vent
Dans l’air, que de rayons dorés le soleil crible.
— Une mer démontée. Un clapotis horrible.