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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


LES LAURIERS SONT COUPÉS


 

Je ne regrette rien des siècles révolus,
Si ce n’est cette fleur d’exquise courtoisie
Qui faisait de la France une terre choisie
Et du peuple français une race d’élus.

Hélas ! le temps des preux et des belles n’est plus !
Où donc les Périclès ? où donc les Aspasie ?
Nous avons renié le Glaive et l’Ambroisie,
Et nous disons : Nana ! comme on disait : Caylus.

Ô langue de Corneille ! ô langue de Racine !
Je ne sais quel jargon de bagne ou de cuisine
Insulte tes héros, dans leur gloire drapés.

Le bourbier fume et pue où s’épandait le fleuve,
Et la Muse sanglote, immortellement veuve :
Nous n’irons plus au bois, les lauriers sont coupés.

(À travers la Vie)



LE DÉPART POUR LA VIE




Le ciel est bleu ; la mer baise amoureusement
Le sable doux et fin de la grève odorante ;
Le zéphyr, en son rythme ailé, souple et charmant,
Me parle d’Ischia, d’Ostie ou de Sorrente.