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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Or, elle n’avait rien. — Dans le joujou stupide
Le marchand n’avait mis que du son et du crin.
Alors l’enfant rieuse incline un front chagrin
Et se met à pleurer : la poupée était vide !

Il ne faut pas aller trop au fond du plaisir,
                Ou l’on devient triste à mourir.
Petites, prenez garde, ou vous seriez trompées ;
Il ne faut pas ouvrir le ventre des poupées !





LE SOUHAlT DE LA VIOLETTE




Quand Flore, la reine des fleurs,
Eut fait naître la violette
Avec de charmantes couleurs,
Les plus tendres de sa palette,
Avec le corps d’un papillon
Et ce délicieux arôme
Qui la trahit dans le sillon :
« Enfant de mon chaste royaume,
Quel don puis-je encore attacher,
Dit Flore, à ta grâce céleste ?
— Donnez-moi, dit la fleur modeste,
Un peu d’herbe pour me cacher ! »


(La Comédie enfantine)