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LOUIS BOUILHET.


Quand l’Amour sensible et bien né,
Secouant des branches fleuries,
Souriait, tout enrubanné,
Dans la fraîcheur des bergeries,

Et, le soir, sous les marronniers,
Pressait la belle qui menace,
Mince, dans sa robe à paniers,
Comme une anguille, dans sa nasse.

Siècle heureux, de bisque nourri,
Dont la morale sans lisières
Se consolait des Dubarri,
Avec la vertu des rosières !

Comme on prenait des airs penchés
Pour mener paître dans la plaine
Quatre moutons endimanchés
Dont on avait frisé la laine !

Et comme, à l’ombre des ormeaux,
C’était une charmante chose
D’entendre au loin vos chalumeaux,
Bergers blonds, en culotte rose !

Pour fuir la cour du roi Pétaud
Ou les croquants de mince étoffe,
On emportait dans son château
Son singe — avec son philosophe.

Et c’était fête, tous les jours,
Grâce aux amabilités jointes
Du petit chien qui fait des tours
Et de l’abbé qui fait des pointes.