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ANDRÉ LEMOYNE.


Partout le mouvement, la lumière et la vie,
L’idéal s’échappant de la réalité,
L’homme heureux de son être, et la bête ravie,
Dans un tout petit cadre où tient l’immensité.



II



À peindre la forêt, la prairie ou la dune,
Les braves gens gagnaient de minces revenus.
Le plus grand nombre, hélas ! ne faisait pas fortune,
Et quelques-uns d’entre eux expiraient inconnus.

Ils avaient travaillé simplement pour la gloire,
Mais la gloire pour eux venait longtemps après.
Leur nom comme un éclair illuminait l’histoire
Quand ils dormaient, depuis cent ans, sous les cyprès.

Qu’importe ! — Ils avaient dit ce qu’ils avaient à dire,
En langage précis, pittoresque et charmant,
Dans quelque page heureuse où chacun pouvait lire,
En prenant une part de leur enchantement.

Ils avaient achevé, dans une foi profonde,
Des œuvres de lumière et de joie et d’amour,
Léguant à l’avenir un petit coin du monde,
Qu’ils avaient éclairé d’un si merveilleux jour.